vendredi 29 août 2014

Le pin parasol

Entre la calanque blanche
Et la bande de terre chaude
Grésillantes sous le feu
De l'étoile intime
Des crêtes frangées d'écume
Sèchent dans les traces
De tes pieds nus

Des laminaires étirent leur thalle
En chandelle dans le tourbillon
D'un mistral impérieux
La bise et la houle bruissent
Frôlent et parfument
Aiguisent les sens des
Baigneurs éperdus
Comme des pions égarés

Je suis une balle perdue
Fichée dans le tronc
D'un pin parasol
Contre lequel, homme nomade
Tu siestes du sommeil
D'un enfant trouvé

Lovée dans l'aubier
Du centenaire
J'y ai ouvert une plaie
Et sécrète un liquide métallique
La sève et le plomb se mêlent
Dans le creuset écorcé
De l'athanor sylvestre
Qui me fait joyau
Tandis que tu dors encore

L'aube prochaine rincera
Tes yeux endormis
Te fera basculer dans
Le matin présent
Tu mettras ta force de travail
Dans tes bras et tes reins
Et porteras patiemment
Ton boisseau d'avanies
Que les mouettes rieuses
Achèveront de remplir

Ce matin sans vrai labeur
Vaudra moins qu'un fétu
Et pourtant je l'attends
Dans la matrice de ton rêve
Là  je viendrai
Argenter ton cœur
D'un précieux lichen

Il tremblera et tintera
Dans cette gangue nouvelle
Tu y porteras la main
Et je serai un renflement
À ton toucher
Une merveille à chérir
Un rubis de douceur.


Texte Anna de Sandre — Illustration Sanneris

1 commentaire:

  1. Un lien, passant presque inaperçu, au détour d'une page. Et là... Surprise ! Un duo comme je n'en avais pas vu depuis Simon & Garfunkel ;)
    Merci à tous les deux.

    https://www.youtube.com/watch?v=FTt1Pj8lOwY

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